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jean david nkot artiste visuel camerounais née le 5/9/1989 a Douala où il vie et travail titulaire d'un BAC en peinture a l'institut de formation artistique de Mbalmayo en 2010 et d'une licence en art visuel à l'institut des beaux-arts de Foumban. exposition: Cameroun, France, Afrique du Sud, Allemagne, Sénégal, Congo Brazzaville, Tchad

23 Mar

jeune regard urbain

Publié par jean david nkot  - Catégories :  #EXPOSITION

Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 semblent avoir marqué du sceau de la violence l’aube du XXIème siècle. Il ne se passe pas un mois sans que les médias ne diffusent des informations macabres sur la violence perpétrée par les terroristes à travers la planète. Le continent Africain semble être aujourd’hui, un terrain prospère où sévissent des groupuscules de terroristes, principaux agents de la violence et de la terreur. M23, Ansar Dine, Aqmi, Mujao, MNLA, Seleka, Boko Haram ... pour ne citer que ceux-là, défraient quotidiennement la chronique à travers des massacres qui rivalisent d’horreurs et incitent les populations terrorisées à se réfugier dans des camps de fortune. C’est bien de cette violence et de cette terreur-là qu’il est question dans la production artistique du jeune artiste plasticien Jean David Nkot. Que ce soit en installation, médium à travers le quel ce jeune artiste plasticien prometteur se sent aussi à l’aise, qu’en peinture, le sujet est le même. L’œuvre de Nkot interroge l’impact de la violence dans le monde aujourd’hui et nous convie à la découverte des visages de la terreur quelle engendre.

La peinture de Jean David Nkot est quasiment constituée de timbres postaux, sa toute récente création. Il s’agit de peintures de différentes dimensions préfigurant des visages expressifs submergés d’inscriptions se référant aux noms d’armes à feu : le Mikoyan Gourevitch, avion intercepteur d’origine Russe encore plus connu sous l’appellation Mig-31 et la très célèbre série des AK-47 et 74, les fusils d’assaut les plus répandus au monde, conçus par l’ingénieur Russe Kalashnikov. La présence de plus en plus récurrente de la silhouette de la Kalashnikov sur le sigle des organisations terroristes dénote du rôle que cette arme joue dans la nature de leurs actions d’une violence inhumaine et leur culture de la terreur. C’est donc à juste titre que les mentions Mig-31 et AK-74 sont omniprésents dans la peinture de Nkot. Floqué sur la toile à l’aide d’un pochoir dans une technique savamment maîtrisée, ces vocables semblent recouvrir le personnage portraituré d’un manteau de terreur. Les sujets des portraits dans la peinture de la série des timbres chez Nkot sont des jeunes, les principales victimes de la barbarie des Hommes. Il n’est point question ici de s’intéresser à l’identité de la personne portraiturée comme c’est assez souvent le cas dans la pratique du portrait classique. Mais, plutôt, la mise en exergue de l’expression de terreur qui l’habite. Ainsi, chaque visage représenté sur chacune des toiles de la série ne représente pas une personne, mais l’ensemble des victimes du terrorisme. Ces visages expressifs de jeunes représentés en très gros plan sur toile sont peints à partir de photographies de personnes de son entourage. Il s’agit de frères, cousins, amies, voisins, en bref de connaissances. Ils sont dans des attitudes assez particulières. Le visage généralement levé pendant la pose photographique offre un cadrage en vue de dessous qui plonge l’architecture de la tête dans un intéressant raccourci pas toujours évident à reproduire. La bouche béante et les yeux mi-clos accentuent l’expression des visages des modèles portraiturés par Nkot. Ces gigantesques visages qui s’offrent au contemplateur de l’œuvre sont grimaçants de douleur, criards, à l’agonie ou plongés dans un calme schizophrénique. Ils baignent dans des contrastes de couleurs actuelles et semblent prisonniers de la toile faite des noms d’armes d’assaut. Les noms des villes inscrits sur les toiles nous renseignent sur les théâtres de la violence et l’horreur des attaques terroristes dans la sous-région Afrique centrale ces derniers mois : Fotokol, Mora, Kano, Bangui, Waza, Maiduguri... Les timbres postaux peints par Jean David Nkot sont les échos des cris et agonies des rescapés de la barbarie du terrorisme. Des cris qui émanent de Maiduguri au Nigéria, de Kolofata au Cameroun, de Bangui en République centrafricaine, de Tunis en Tunisie ainsi que de Paris en France. A l’image des timbres postaux destinés à affranchir les envois confiés à la poste, les peintures de Nkot voudraient affranchir les visages de la violence terroriste de cette indifférence qui caractérise le silence complice du reste du monde face aux Etats victimes. Faite dans une écriture plastique très réaliste, la peinture de Jean David Nkot ne se limite pas seulement à l’illustration de la violence perpétrée par les organisations terroristes. Elle nous invite à une prise de conscience nécessaire à l’affranchissement du monde de ces pratiques déshumanisantes.

Du haut de ses vingt-six ans, Jean David Nkot est le chef de file d’une nouvelle génération d’artistes plasticiens sur la scène locale. Il s’agit des jeunes ayant reçu une formation académique dans les Instituts de Beaux-Arts ouverts en 2009 et rattachés aux principales universités du Cameroun. Nul ne doute que ses camarades ne tarderont pas à lui emboiter le pas.

Hervé Youmbi, Mars 2015

art postal
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jean david nkot artiste visuel camerounais née le 5/9/1989 a Douala où il vie et travail titulaire d'un BAC en peinture a l'institut de formation artistique de Mbalmayo en 2010 et d'une licence en art visuel à l'institut des beaux-arts de Foumban. exposition: Cameroun, France, Afrique du Sud, Allemagne, Sénégal, Congo Brazzaville, Tchad